L’essence de l’humain

Aspects choisis de la pensée post-traumatique

Le-cri-de-Edvard MUNCH

« Comme celui qui cherche à prévenir la cité d’un déluge imminent, mais parle une autre langue…nous nous présentons et disons quel mal nous a été fait. » Bertolt Brecht

Suite à des événements douloureux, que nous pouvons qualifier d’une façon générale de traumatismes, l’humain va traverser différentes dimensions de compréhension et de symbolisation qui vont lui permettre de dépasser ce vécu traumatique et de vivre à nouveau de façon adaptée et constructive sa relation au monde.

Les principaux symptômes de cet état sont par exemple une sidération plus ou moins aiguë, une rumination des événements traumatisants, une hypervigilance, des troubles du sommeil et une grande fatigue résultant de la gestion de ces manifestations. Des phobies peuvent aussi apparaître en réaction, elles sont bien souvent là comme mécanismes de défense, tout comme certains TOC  (troubles obsessionnels compulsifs, de vérification par exemple) qui redonnent un sentiment de contrôle. On peut aussi observer une perte d’intérêt dans le quotidien ainsi que des idées sombres sur le présent et l’avenir, le tout pouvant parfois aboutir à un tableau de dépression réactionnelle.

Parmi les ressentis que traversent les personnes victimes de stress post-traumatique, j’ai choisi d’évoquer ceux que l’on retrouve peu dans la littérature populaire et pourtant si profondément inscrits dans la réaction archaïque, dans cette essence de notre être que ces événements arrivent à extraire et à mettre en lumière : la fin de l’illusion d’immortalité, la douleur d’aimer, et la nécessité de production de sens.

La fin de l’illusion d’immortalité

« La vie a besoin d’illusions, c’est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités.»  Nietzsche

Ferenczi parle de l’illusion d’immortalité en expliquant que c’est après la « commotion psychique » que le sujet va vivre une grande blessure narcissique et prendre conscience de sa vulnérabilité. Pour nos patients, l’annonce de la maladie par exemple. Lebigot donne l’exemple des soldats blessés qui éprouvent alors que leur enveloppe corporelle ne les protège pas. Nous pouvons aisément imaginer que cette prise de conscience, cette double effraction, psychologique et physique, se présente aussi au patient atteint d’une maladie ou victime d’un accident. Lors d’une agression violente du fonctionnement, le mythe de l’immortalité disparaît, et le « réel de la mort » (Freud) apparaît. Cette désillusion engendre alors une hémorragie narcissique profonde.

L’effondrement narcissique que rencontre le sujet lors de cette perte de sentiment d’invulnérabilité et d’immortalité va créer un écart significatif entre ce qu’il était avant et ce qu’il est devenu. Il va voir cet écart comme irréversible, et ceci va engendrer une autre perte, celle du sentiment de contrôle. D’où le besoin de restaurer ce sentiment, par des mécanismes de défense adaptés et une prise en charge du retentissement traumatique.

La douleur d’aimer

C’est la nature du lien à l’autre, sa dimension, son importance dans notre vie et dans nos affects qui va conditionner notre réaction à sa perte…du lien, et de l’autre. La douleur psychique est alors en fait douleur de séparation.

« La douleur peut être douleur de l’abandon, lorsque l’aimé nous retire subitement son amour; de l’absence, ou de l’humiliation lorsque nous sommes profondément blessés dans notre amour-propre; et de la mutilation, lorsque notre corps se retrouve effracté. Toutes ces douleurs sont dues à l’arrachement soudain d’un “objet“ auquel nous étions si intimement associés qu’il réglait l’harmonie de notre psychisme. »

Nasio, fait le parallèle avec les membres fantômes des gens amputés. Il rappelle que les individus qui perdent un membre continuent à ressentir des fourmillements, ou des impressions de mouvements de ce membre. Il parle de l’investissement de la personne ou d’une valeur, de l’intégrité de notre corps ou d’une chose, qui se produit et qui donne l’impression d’avoir toujours cette personne, cette chose, cette partie du corps…L’idée est que la douleur naît du fait que ce n‘est pas la perte le plus dur mais le fait de continuer à aimer, à investir et même d’aimer et investir encore plus fort alors que l’on sait que l’objet est à jamais disparu ou à distance dans un moment de grand besoin. 

Dans le vécu traumatique, cet « autre » peut aussi être l’image que l’on a de soi et que l’on pense renvoyer au monde, ses projets, son idéal du Moi. C’est alors cette perte des idéaux et des repères rassurants, encadrants et aimés, qui génère une douleur aussi forte que l’attachement qui liait le sujet à ces objets. « Ce qui fait mal n’est pas de perdre l’objet aimé, mais de continuer à l’aimer plus fort alors que nous le pensons irrémédiablement perdu. »

C’est notre lien à nous-mêmes, à notre corps, à notre image sociale, et à notre projection dans une vie qui semblait « sous contrôle » ou encore « normale », qui est bouleversé, et dont il faut parfois faire le deuil, au moins en partie, au moins un temps. Il peut alors émerger une tension interne mettant en conflit le potentiel de vie et de réalisation encore présent, et le réel, qui confronte le sujet à une menace vitale ressentie, et à l’incertitude.

Injustice et production de sens

Le modèle de Janoff-Bulman (1992) explique en partie ce sentiment d’injustice : il s’agit de la conception du monde et de soi au monde, construite depuis la petite enfance et fondée sur des interactions chaleureuses et bienveillantes avec les parents et l’entourage immédiat. Janoff-Bulman fait ici appel aux théories de l’attachement de John Bowlby. Cette conception du monde et de soi a été trahie et invalidée par la survenue brutale et subite du fait traumatisant.

Le sujet a la conception d’un monde juste, bienveillant, logique et intelligible et la conception de soi comme un individu valide et valable. Le degré de traumatisme vient de l’écart entre ses propres conceptions et les significations et valeurs qu’il attribue au fait brutal et subit qui lui est arrivé. Ce fait invalide ses conceptions et provoque un sentiment de trahison de la confiance mise en elles. Au sentiment de trahison s’ajoute un sentiment d’injustice qui peut s’exprimer ainsi : « Pourquoi m’est-ce arrivé à moi ? » , « Qu’ai-je fait pour mériter cela ? ». Le sujet « normal » possède un sentiment stable de sécurité et de confiance. Le fait traumatisant vient détruire ces certitudes et le monde devient alors anxiogène. La personne est obligée de construire un nouveau monde et un nouveau Soi au monde.

Ceci peut aussi rejoindre la notion de dissonance cognitive (Festinger, 1957).  Se convaincre qu’un événement s’inscrit dans un parcours de vie de façon cohérente vise à réduire cette dissonance cognitive. Il leur faut alors réajuster l’avant et le présent. 

Donner un sens à tout prix semble alors le plus important, il faut inscrire l’événement dans une cohérence de vie, retrouver sa capacité à symboliser, afin de se réunifier. C’est notre rôle en tant que soignant de soutenir le patient dans ce travail et de l’aider à trouver, élaborer et mettre en oeuvre les éléments nécessaires et pertinents à la restauration de son équilibre global.

Marie Barbou Jouéo

Redéfinir le confinement

(Jeune mère à la grotte, Rodin)

 

« Maintenant je sais. Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. » Albert Camus

En ce temps de confinement, nous devons nous adapter, faire quelque chose de ce qui nous est imposé pour ne pas perdre nos repères. Et si nous acceptions pourtant un instant l’idée de les perdre un peu, pour accueillir cette mise en mouvement d’adaption, qui comme tout mouvement permet le changement, l’évolution. En effet, un réajustement ne peut se faire que par la mise en place de réactions, de nouvelles pensées qui passeront dans l’agir et s’inscriront donc dans nos vies.
Alors tentons de redéfinir ce que recouvre le fait de se confiner : « toucher aux limites » nous dit le dictionnaire, ou encore « forcer à rester dans un espace limité ». N’est-ce pas exactement la définition de ce que certains appellent leur bulle de sécurité, leur jardin secret, ce qu’est la chrysalide pour le papillon ou ce que la vie nomme au tout début le confinement utérin, le début de tout, la gestation…
On nous dit que notre vie est formée par nos pensées, qu’elles sont ce qui conditionne notre rapport au monde. Alors regardons autrement, décalons un instant, juste pour le plaisir intellectuel, spirituel ou émotionnel de l’exercice, notre regard sur cette période singulière.
Camus nous dit que « quelque chose qui n’est pas de ce monde » peut aider, dans les temps vécus comme insupportables. Serait-ce tout simplement une mise en relation avec nous-mêmes ? Nous retrouver, redéfinir nos besoins, les habiller de silence et de repos aujourd’hui, dans le moment présent plus que jamais, pour les rallier au monde ensuite, plus ancrés dans et par une adaptation à nous-mêmes.
La psychiatre de l’Institut Rafaël, le Dr Hélène Reinhardt nous indique que nombre de patients disent même apprécier cette période car ils n’ont pas à s’exposer, « cela m’arrange presque, je n’ai plus à sortir avec ma perruque », ou « avec ce confinement nous sommes tous pareils » ou encore « la vie reprend ses droits, je m’autorise à dormir 10 à 12 heures ma nuit, le confinement me protège comme si j’étais dans un cocon ».
En effet nous pouvons observer chez certains patients une sensation de décalage par rapport à l’autre, aux non-malades, ils se ressentent « immobilisés par la maladie » alors que « les autres avancent et vivent leurs projets ».
Alors même si nos corps à tous sont appelés en ce moment à une forme d’immobilisme, le temps du confinement peut permettre d’initier une mutation profonde, une variation de ce que nous sommes ou pensons renvoyer au monde. Tournons-nous vers ce qui fait continuité malgré ce contexte contaminé. Demandons-nous ce qui fait véritablement ressource pour nous-mêmes et accueillons la tentative de le tester dans notre quotidien pour un temps à l’abri des regards, comme un nettoyage de printemps au service de notre intériorité, de sincères rencontres avec soi, d’une séance de yoga, de sport, de lecture, de contemplations artistiques qui vont nourrir notre lien à la beauté, ou de toute autre chose que nous évaluons nécessaire à notre équilibre. Pour que ce lien resécurisé par un temps privilégié devienne affinité, que cette relation à soi devienne engagement, que ce contact devienne filiation, que cette reconnexion devienne passerelle, vers la bienveillance pour soi et l’ouverture à l’autre.

L’emprise dans le couple

Vivien Leigh et Marlon Brando, dans le film de Tennessee Williams, Vivien Leigh et Marlon Brando, dans le film de Tennessee Williams, « Un tramway nommé désir »

« Tout à coup une fureur indicible s’empara de mon être, et au lieu de combattre cette rage, je l’attisai, heureux de la sentir bouillonner en moi. La chose terrible c’est que je me reconnaissais sur son corps un droit indiscutable, comme si elle eût été la chair de ma chair. » Tolstoï, La Sonate à Kreutzer.

Cet article est la synthèse d’une recherche que j’ai menée en 2007 sur les violences conjugales et les phénomènes d’emprise.

Approche psychanalytique

Grunberger a proposé en 1960 le terme de  pulsion d’emprise  pour traduire dans l’œuvre de Freud la notion ambiguë de « Bemächtigungstrieb » : « Freud entend par là une pulsion non sexuelle qui ne s’unit que secondairement à la sexualité et dont le but est de dominer l’objet par la force ».
Pour Bergeret, l’agressivité vise à nuire à l’objet, éventuellement à le détruire. La violence fondamentale s’intéresse avant tout au sujet, à sa conservation. Le sort de l’objet apparaît comme très secondaire. L’objet est vécu comme menaçant l’intégrité du moi ; il est pensé selon une « dialectique binaire : « zéro ou un », c’est-à-dire « moi ou rien », « l’autre ou moi », rapprochant l’autre du statut zéro, « survivre ou mourir », « survivre au risque de devoir tuer l’autre », sans intention nette de détruire spécifiquement cet autre ». Un seul a le droit de survivre au niveau des instincts d’autoconservation. » (Mijolla, Assoun, 1996)
Pour Racamier (1992), la victime « emprisée » est « insidieusement saisie d’un sentiment poignant de dangereuse étrangeté ». Il faut l’empêcher de penser afin qu’elle ne prenne pas conscience du processus, la paralyser, la placer en position de flou et d’incertitude. « Soumise, elle n’existe plus que pour être frustrée en permanence. Prisonnière de l’instigateur, la victime n’a d’autre choix que la révolte ou la dépression dans la soumission, sauf si, avertie du danger, elle arrive à se soustraire, non sans difficulté, à l’emprise ».
La relation d’emprise apparaît comme l’impossibilité fondamentale d’accepter l’autre dans sa différence. L’autre est nié en tant que sujet et l’idée même de son désir est intolérable, l’autre est considéré et traité comme objet méprisé et maîtrisable (Roos, 2006).

Approche systémique

Dorey (1981) distingue trois dimensions principales dans la relation d’emprise : une action d’appropriation par dépossession de l’autre, une action de domination où l’autre est maintenu dans un état de soumission et de dépendance, une empreinte sur l’autre, qui est marqué physiquement et psychiquement : « Le but fondamental est la neutralisation du désir d’autrui, c’est-à-dire à la réduction de toute altérité, de toute différence, à l’abolition de toute spécificité ; la visée étant de ramener l’autre à la fonction et au statut d’objet entièrement assimilable. »

Perrone et Nannini (2000) décrivent quelques années plus tard la création de l’état d’emprise comme un mécanisme qui agit en trois temps : l’effraction, la captation et la programmation.
L’effraction est le moment où l’instigateur de la relation d’emprise force l’intimité de sa victime. Il trouble sa représentation du dedans et du dehors, du soi et du non-soi, ainsi que sa distinction entre sujet et objet,  il détruit son sentiment d’intégrité individuelle, et son identité. Il fragilise également les relations de la victime avec son environnement, par manipulation, déstabilisation et dénigrement. Le but étant de l’isoler pour mieux l’atteindre.
Lors de la captation, le regard, le toucher, la parole sont présents et tentent de s’emparer et de posséder l’autre. « Les gestes, les actes, le contact, les touchers vont faire partie d’un montage sensoriel complexe qui vont l’enserrer dans les leurres du regard, de la parole et du toucher. »
Enfin, la programmation  est l’ultime étape de la mise sous emprise, qui assure son installation dans la continuité et la durée : elle vise à briser toute envie de sortir de cette situation d’emprisonnement pourtant vécue douloureusement par la victime : si la captation a permis de mettre la proie en cage, la programmation lui apprend à ne plus sortir de la cage, même avec la porte ouverte.

Seligman, a appelé « l’impuissance apprise » le phénomène constaté lors d’une expérience pendant laquelle on soumet un chien à des chocs électriques aléatoires auxquels il ne peut  se soustraire d’aucune façon. Dans un second temps, quand on met ce même chien sur une grille électrique chargée, en lui offrant la possibilité de fuir en sautant par dessus une barrière latérale, il n’est même plus capable de faire cette action, qu’effectue sans aucune difficulté un de ses congénères placé dans la même situation. Chez les êtres humains que l’on a étudiés, on constate des réactions de repliement, de désespoir et d’inertie tout à fait comparables. Le sujet, si l’on peut dire, fantasme le malheur, dans lequel il se complait et qu’il n’arrête pas de ruminer. Cela va jusqu’à l’immobiliser à long terme.

Perversion et emprise

Nous pouvons aussi imaginer que les personnes sous emprise restent par besoin de dépasser le traumatisme. Elles laissent alors se reproduire les faits consciemment ou inconsciemment dans l’espoir de se voir un jour capables de les affronter et de les dépasser. Comme si le fait de revivre cet état allait permettre de mieux le connaître, mieux le maîtriser et donc de l’apprivoiser en quelque sorte, de moins en souffrir, et de se prouver qu’on a pu surmonter cette épreuve. Cet élément est un des plus pervers, celui investi comme objet développe un besoin de reprise de contrôle, qui alimente alors son lien avec l’instigateur de cette relation. Rester dans ce lien permettrait alors à un moment de le comprendre si précisément qu’il sera possible de le déconstruire et de s’en défaire. Mais ce n’est bien souvent qu’illusion face aux personnalités  pathologiques complexes qui tissent la toile de l’emprise.

Un autre aspect vient s’ajouter notamment dans le cas où on l’on peut parler de traumatisme psychique chez la victime. En effet, suite à une situation traumatique, comme un épisode de violence physique ou psychologique, le sujet ressent un intense besoin de resécurisation. Cet état de détresse va provoquer un attachement  excessif à la première figure secourable qu’elle va rencontrer. Et bien souvent, la première personne qui va proposer son soutien sera justement “l’agresseur “, ce qui enclenche et ensuite nourrit le cercle vicieux d’attachement entre l’empriseur et l’emprisé.

« Tout appareil psychique, tant individuel que groupal a besoin de se constituer une enveloppe qui le délimite, le protège, et permettre les échanges avec l’extérieur. » (Anzieux, Le Moi-Peau)

L’utilisation perverse du plaisir et de la sexualité dans l’emprise est de plus en plus rencontrée chez les couples. Cela viendrait s’apparenter symboliquement à une forme de vécu masochiste, avec d’un côté la souffrance engendrée par ce lien et d’un autre côté, la sexualité comme lieu de partage, de fusion, d’alternance de pouvoirs et d’attachement. Alberto Eiguer parle du pervers narcissique et de son « complice », pour désigner la victime. Dans le cas où la personnalité perverse narcissique est un homme, l’utilisation perverse de cette double captation de l’autre, psychique d’une part et physique par la sexualité est courante, surtout dans les formes où la violence physique est absente. Si c’est une femme, et si par la sexualité cette enveloppe évoquée par Anzieux est régulièrement investie,  exploitant stratégiquement l’illusion paradoxale de pouvoir, donnée à l’homme physiquement dans l’acte sexuel et qui est pourtant psychologiquement sous emprise, l’appareil psychique ne peut maintenir son intégrité face à cette perversion, d’où une « fragilité apprise » qui s’installe insidieusement. Cela va jusqu’à rejoindre la notion de double effraction, psychique et physique, évoquée dans les mécanismes du traumatisme. L’effraction psychique étant le moment de confrontation avec le néant, la « néantisation », le « réel de la mort », notions décrites par Lebigot. Ce n’est pas l’angoisse qui surgira de l’effraction mais le « degré zéro de l’affect » (Freud, 1920).

« Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non humaine l’expérience de qui a vécu des jours où l’homme a été un objet aux yeux de l’homme. » (Primo Levi, Si c’est un homme, 1947)

Marie Barbou Jouéo